Une trentaine de locataires de l’îlot Corneille, à Sens, se plaint d’un risque d’exposition à l’amiante
avril 13, 2016 4:38 pmUne trentaine de locataires de l’îlot Corneille, aux Champs-Plaisants, a formé, le 15 mars, un collectif à la suite de la découverte d’un risque d’exposition à l’amiante dans les parties communes de l’immeuble. Soutenus par l’ADDEVA de l’Yonne (1), les locataires réclament « la mise en œuvre immédiate de travaux de rénovation et des mesures de relogement rapides pour les familles exposées ». « Consciente du problème », la direction de Brennus Habitat annonce la tenue d’une réunion le 6 avril, « en présence des représentants de l’Agence régionale de santé et des services de l’État, afin de s’entendre sur la nature des travaux de mise en sécurité ».
Des locataires en colère
Construit dans les années 1970, quand le pays utilisait à tour de bras cet isolant anti-incendie dans ses constructions, l’immeuble de la rue Corneille est un cas d’école dans le dossier de l’amiante. En France, 4,2 millions de logements seraient concernés, selon les estimations de l’Union sociale de l’habitat (USH) qui regroupe 760 organismes HLM. Dans les parties communes de l’Îlot Corneille, l’origine du risque provient de la dégradation des dalles de sol en vinyle-amiante qui recouvrent les marches des escaliers. « Par endroits, le revêtement a disparu, ce qui favorise la dispersion des fibres à chaque passage », constate Patrick Thourigny, le président de l’ADDEVA de l’Yonne.
Outre la mise en danger des locataires, le collectif « s’insurge » du fait que les habitants n’aient pas été informés de la situation par Brennus Habitat. Comme le préconise le code de la santé publique. Présence d’amiante que le bailleur social ne pouvait pas ignorer, deux de ses salariés exerçant, depuis le 19 janvier, leur droit de retrait « pour mise en danger d’autrui ». « J’ai alerté ma direction depuis août, elle était donc parfaitement au courant », assure Bruno Benlahoues, le gardien de l’immeuble.
C’est une ampoule grillée dans une cage d’escalier et l’absence de ménage dans les communs qui ont mis la puce à l’oreille des locataires. « J’ai téléphoné, à plusieurs reprises, à Brennus Habitat pour qu’ils interviennent et règlent ce problème d’éclairage. À chaque fois, on m’a répondu que personne n’était disponible, explique Hélène Touami, une habitante. C’est en me rendant au siège du bailleur social, le 15 mars, que l’hôtesse d’accueil a fini par me dire que le gardien et la femme de ménage refusaient d’intervenir dans notre immeuble, depuis janvier, en raison de la présence d’amiante. »
La colère des locataires est d’autant plus forte qu’une mission de repérage, datée du 4 novembre 2011 et remise à Brennus Habitat, indique la présence « de matériaux ou produits contenant de l’amiante dans les vide-ordures et au niveau du revêtement de sol des paliers ». « J’ai emménagé ici, au cours de l’année 2012, et je n’ai jamais eu connaissance de ce diagnostic au moment de signer le bail », s’étonne Hélène Touami.
« Le nouveau plan de rénovation urbaine intégrera sa destruction »
Pour le directeur de Brennus Habitat, Maurice Guesney, « il n’y a pas de danger pour les personnes ». Le responsable s’appuie sur des mesures d’empoussièrement réalisées entre janvier et février. « Douze mesures au total, soit deux par cage d’escalier, effectuées par un laboratoire nivernais certifié par la Cofrac. Les résultats sont tous négatifs : il y a zéro dispersion de fibres dans l’air. »
Pour autant, Maurice Guesney entend « mettre en oeuvre des travaux provisoires de recouvrement. » Il rappelle en outre que « le bâtiment sera démoli dans le cadre du nouveau programme de rénovation urbaine ». « Notre objectif, à court terme, est de reloger les locataires, poursuit Maurice Guesney. Ils peuvent dès maintenant adresser une demande qui sera traitée prioritairement par notre commission d’attribution. »
(1) ADDEVA : Association départementale de défense des victimes de l’amiante dans l’Yonne.