Amiante. Ils meurent chaque jour parce qu’ils ont été exposés

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Avant la mort, il y a la maladie. Avant elle, l’angoisse… que la justice reconnaà®t et indemnise.

Une justice aussi pour les contaminés de l’amiante.

Maà®tre Teissonnière a évoqué, à Paray-le-Monial ,ce nouveau préjudice avec des personnes de tout le département qui ont été exposées à l’amiante pendant leur carrière.

Une nouvelle audience est prévue demain au tribunal de Dijon pour des anciens salariés d’Eternit de Vitry-en-Charollais. En cause : l’amiante.

Les avocats du cabinet Teissonnière seront de nouveau à la barre, demain, pour défendre la cause de 18 anciens salariés d’Eternit à Vitry-en-Charollais.

Des malades ? Non. Pas encore ou peut-être, avec de la chance, ils ne le seront jamais. Mais ils ont été contaminés par ce matériau mortel qu’est l’amiante. C’est pour ça qu’ils sont au tribunal de Dijon. Pour demander des dommages, en prévision.

Pas malades, mais victimes potentielles

Maà®tre Jean-Paul Teissonnière, avocat qui défend la cause des victimes de l’amiante depuis nombreuses années, explique : « Ils ne sont pas malades aujourd’hui, mais ils ont été contaminés après une lourde exposition pendant leur carrière professionnelle. Ils risquent donc d’être atteints à un moment donné. Certains le sont d’ailleurs depuis que nous avons commencé à monter le dossier. »

Pour ces victimes potentielles, la défense va demander un préjudice d’anxiété, un préjudice économique, et un préjudice de bouleversement dans les conditions d’existence.

Si le préjudice d’anxiété est arrêté depuis le 11 mai 2010, le préjudice économique, accepté par les prud’hommes et la cour d’appel de Bordeaux, a été cassé en cassation. « La perte de revenus au moment de la retraite anticipée de ces salariés de l’amiante (1 an de travail en moins pour 3 années d’exposition) aurait été trop lourde à indemniser », confie Jean-François Borde, président du Comité amiante prévenir et réparer (Caper Bourgogne). Validé par le conseil prud’homal de Mâcon, il sera donc demandé à cette audience, sans grande conviction toutefois.

Un nouveau préjudice pour les « contaminés »

Pour « compenser », Maà®tre Teissonnière a trouvé une parade, en complément au préjudice d’anxiété. Il s’agit du préjudice de bouleversement dans les conditions d’existence. « Compte tenu de la perte d’espérance de vie, les projets de vie de ces anciens salariés sont différents, reprend l’avocat. Il n’y a pas « que » la peur de mourir ou de tomber malade, pour les personnes contaminées, c’est aussi une désorganisation de la vie… une organisation de la fin de vie. C’est pour elles une amputation de leur avenir. » Un bouleversement qui doit être indemnisé, sous la forme de ce nouveau préjudice, lequel a été arrêté par la cour d’appel de Paris en décembre dernier.

« La bataille n’est pas encore gagnée car il reste l’étape de la cassation, mais cette décision fait d’ores et déjà jurisprudence », conclut, confiant le spécialiste de la défense des victimes de l’amiante.