Le ras-le-bol des victimes des maladies professionnelles
Laissez vos commentairesC’est devenu son combat. à€ la tête de l’association de défense des victimes des maladies professionnelles (Adevimap), Maurice Huc se bat depuis des années pour que la condition des salariés victimes d’une exposition à l’amiante soit reconnue. Après des années d’existence, l’Adevimap ne cesse d’enregistrer des résultats, tout en traitant des dossiers toujours plus nombreux, s’étendant désormais à toutes les maladies professionnelles. Face aux délais que nécessitent de telles procédures, quatorze associations participeront ensemble, demain matin, à une manifestation devant la cour d’appel d’Aix, appelée en dernier ressort à attribuer des indemnisations aux victimes.
Pourquoi participez-vous à cette manifestation, demain à Aix?
De plus en plus d’adhérents se plaignent du délai avec lequel la justice traite leur dossier. La cour d’appel d’Aix est, avec celle de Paris, celle qui traite le plus grand nombre de dossiers, dont une grande partie de salariés qui ont travaillé dans les industries de Martigues, du golfe de Fos et de l’étang de Berre. Or, les effectifs ne suivent pas. Et les délais s’allongent. Il faut savoir qu’après des jugements rendus en première instance, notamment par le tribunal des affaires sociales, les grandes entreprises font toujours appel.
Quelle conséquence pour les gens concernés?
C’est grave! Surtout que dorénavant, les procédures sont déclarées prescrites quatre ans après, ce qui peut être le délai consacré par la justice à un dossier. En outre, attendre des mois et des mois, lorsqu’on est victime d’un cancer ou d’une autre grave maladie, c’est ajouter de la souffrance. Les victimes sont donc de plus en plus en colère. D’où cette première manifestation qui aura lieu demain à Aix.
Qui y participera?
Une quinzaine d’associations seront présentes, et nous serons pour l’occasion rejoints par des gens de l’Ardèche, du Gard, de l’Isère… C’est le premier grand rassemblement de ce type. Et nous sommes prêts à en organiser d’autres. Parce que les victimes ne comprennent plus. Même si, à l’Adevimap, nous avons désormais une certaine expérience qui nous permet de monter les dossiers le plus solides, la situation est de plus en plus difficile.
A quels résultats parvenez-vous?
On obtient des jugements devant le tribunal des affaires sociales ou le fonds d’indemnisations des victimes de l’amiante (Fiva), mais la difficulté, ce sont les appels quasi systématiques des grosses sociétés. Ce qui engendre des délais supplémentaires.Tout est fait pour lasser le plaignant. De plus, lorsqu’un décès survient, ce qui est régulier, il faut recommencer une procédure pour que la veuve touche des indemnités. Et là encore, nous devons de nouveau affronter un nouveau parcours du combattant. Mais nous avons aussi d’autres sources de satisfactions: comme nous le demandions depuis des années, la haute autorité de santé vient de décidé que les personnes ayant été exposées à l’amiante seront désormais suivies par des scanners. Jusqu’ici, ils ne passaient que de simples radios.
Quelles difficultés rencontrez-vous auprès des employeurs?
Au-delà des procédures d’appel, il faut savoir que chaque entreprise doit remettre aux salariés la liste des produits auxquels il a été exposé. C’est théorique; dans la pratique, cela se fait rarement, et parfois de manière différente, d’un salarié à l’autre, dans la même société.
A la tête du client?
Oui, c’est ça. Et les procédures sont encore plus complexes pour les salariés de la sous-traitante, qui ont travaillé pour plusieurs entreprises, été exposés à des produits différents, avec des sociétés qui, pour certaines, n’existent même plus!
Qu’attendez-vous de cette manifestation demain?
Nous souhaitons que la cour d’appel fasse le nécessaire pour réduire ses délais de jugement. Ce serait un premier pas capital pour l’ensemble des adhérents des associations qui seront représentées.
éric GOUBERT