INDEMNISER TOUS LES PREJUDICES DES VICTIMES DU TRAVAIL
Laissez vos commentairesAprès la décision du conseil constitutionnel, le gouvernement doit passer aux actes
La décision rendue ce matin par le Conseil constitutionnel est un événement majeur dans l’histoire de l’indemnisation des victimes du travail. Elle ouvre en effet la voie à la réparation intégrale de l’ensemble des préjudices des victimes du travail.
Jusqu’alors les tribunaux considéraient que les victimes du travail ou les ayants droit de victimes décédées qui engageaient une action en faute inexcusable de l’employeur, outre la majoration de leur rente ne pouvaient être indemnisés que des préjudices limitativement énumérés dans l’article L.452 du Livre IV du Code de la Sécurité sociale: «préjudice causé par les souffrances physiques et morales», «préjudices esthétiques et d’agrément», «préjudice résultant de la perte ou de la diminution de ses possibilités de promotion professionnelle».
Toutes les autres demandes étaient rejetées. Et notamment tous les frais occasionnés par la maladie professionnelle ou l’accident (aménagement du logement ou de la voiture, frais médicaux non remboursés, intégralité des frais de tierce personne, etc.). Les victimes de l’amiante et leurs familles savent combien ces préjudices sont bien réels, particulièrement dans les cas d’asbestoses graves et de cancers conduisant une perte d’autonomie.
La question qui était posée au conseil constitutionnel était de savoir si ce refus d’indemniser la totalité des préjudice était ou non conforme au principe constitutionnel d’égalité.
Il a considéré «qu’en présence d’une faute inexcusable de l’employeur, les dispositions de ce texte ne sauraient toutefois, sans porter une atteinte disproportionnée au droit des victimes d’actes fautifs, faire obstacle à ce que ces mêmes personnes, devant les mêmes juridictions, puissent demander à l’employeur réparation de l’ensemble des dommages non couverts par le livre IV du code de la sécurité sociale».
Cette prise de position donne donc un fondement juridique solide à une étape vers une réparation intégrale par les employeurs fautifs des préjudices pour l’ensemble des victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, qui engagent une action en faute inexcusable de l’employeur.
L’Andeva attend du gouvernement et de élus à l’Assemblée nationale qu’ils prennent leurs responsabilités, en adoptant dès la prochaine session parlementaire une loi traduisant dans les faits les principes énoncés par le conseil constitutionnel. Les victimes ont entendu beaucoup de déclarations compassionnelles non suivies d’effet. Elles attendent maintenant des actes.
D’ores et déjà nous invitons les victimes et les familles concernées à demander, avec l’appui des associations locales de l’Andeva, «la réparation de €˜l’ensemble des dommages non couverts par le livre IVdu Code de la Sécurité sociale», devant les tribunaux des affaires de Sécurité sociale, conformément à la décision du conseil constitutionnel.